CONTRE LE RACISME D’ETAT, LA TERREUR POLICIERE, LES CRIMES FASCISTES : CONSTRUISONS L’AUTODEFENSE POPULAIRE

Cet automne 2015, cela fera dix ans que les meurtres de Zyed et Bouna par des policiers entraînant trois semaines d’une révolte populaire inédite ont eu lieu. En mai dernier seulement, la justice bourgeoise a finalement prononcé la relaxe définitive pour deux des policiers impliqués. Le mépris sans limite des classes dominantes ne nous surprend pas. Si la propagation et la durée des émeutes dans les quartiers populaires furent alors sans précédent, les victimes des violences policières sont monnaie courante. Aujourd’hui comme depuis des décennies, la férocité de la terreur policière et du contrôle social a toujours compté son nombre d’emprisonnés, de mutilés et de morts.

S’ils cherchent évidemment à répandre désolation, résignation, consternation et isolement, la multiplication de réseaux militants et associatifs sur tout le territoire, à échelle locale ou nationale, continuent à se rencontrer régulièrement pour s’organiser horizontalement.

La rencontre du 11 juillet 2015 à Montreuil, dans le cadre d’une journée de soutien aux prisonniers de Villiers-le-Bel, a suscité un riche débat sur les perspectives stratégiques à construire pour s’unir face à la police dont voici un montage vidéo :

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S’unir face à la police 2. Perspectives Stratégiques. Montreuil 11 juillet 2015

Le 30 mai 2015 avait lieu une marche en mémoire de Amadou Koumé à St Quentin qui a rassemblé 800 personnes, et le 05 juin 2015, s’est tenu un concert de solidarité pour la famille de Morad Touat à Marseille. Le 20 juin était un jour de lutte national contre les violences policières, puisque se sont tenus ce jour-là deux événements en parallèle à Paris et Strasbourg:

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La rencontre du 20 juin 2015 à Strasbourg, organisée pour soutenir la famille Bouras dont le jeune Hocine a été tué par la police en août 2014, a également donné lieu à un riche débat, notamment en présence de Mogniss Abdallah, duquel la famille a écrit ce communiqué :

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Communiqué des membres de la famille de Hocine Bouras présent.e.s pour la journée contre les violences policières organisée par AFA Strasbourg et des antifascistes locaux :

« Que (nous) fait la police ? »

Le 20 juin 2015 à Strasbourg, dès le début de l’après-midi, le Centre Autonome Jeune Molodoï s’est rempli de livres, de brochures imprimées, d’archives, d’affiches, de prospectus… On peut y lire ici et là : « campagne justice en banlieue du MIB », « Permis de tuer », « Rengainez on arrive ! », « Lamine Dieng, mort dans un fourgon de police le 17 juin 2007 », « Amine Bentousi, tué par la police », « contre le racisme d’État, solidarité antifasciste »…
Nous sommes présent.e.s ce jour là, nous la famille de Hocine BOURAS, 23 ans, tué menotté par un gendarme sur le bord d’une autoroute d’une balle dans la tête, lors de son transfèrement au juge d’instruction de COLMAR. Nous retrouvons toutes ces personnes qui mettent en place les stands d’informations, les gens qui arrivent, et tout prend forme. L’ATMF est là, plusieurs collectifs antifascistes aussi, ainsi que l’association du Genepi qui partage dans une atmosphère détendue des informations précieuses sur les conditions carcérales.
Les rencontres se font avec les associations, les collectifs, les individu.e.s, toutes ces images et tragédies sur les murs, et aussi cette belle rencontre avec Mogniss ABDALLAH, de l’agence Im’média et auteur de Rengainez on arrive ! – Chroniques des luttes contre les crimes racistes ou sécuritaires, contre la hagra policière et judiciaire des années 1970 à aujourd’hui- qui a fait le déplacement de Paris.
À 18h, une cinquantaine de personnes se regroupent, et la rencontre débute avec la prise de parole de deux cousines de Hocine BOURAS.
Dans nos paroles, Hocine est mort pour rien. Il était incarcéré depuis 3 mois au moment des faits. D’après les différents articles de journaux, Hocine n’était qu’un braqueur de Fast food (« à main armé » qu’ils écrivent pour parler d’un pistolet à bille). C’est tellement facile de salir la mémoire d’une personne. Se sont-ils posé la question de savoir qui était vraiment Hocine ? Sa personnalité ? Ce qu’il a fait dans sa vie ? Hocine assumait pleinement les conséquences de son acte et prenait en compte ses responsabilités.
Pourquoi est-il mort d’une balle dans la tête, alors qu’il était menotté?
Ils parlent de « tentative d’évasion »…
C’était un gendarme volontaire grand et de forte corpulence formé à toutes sortes de situations difficiles qui a tiré dans la tête, il dit qu’il n’a pas réussi à maîtriser Hocine en voulant aider sa collègue. Pourquoi Hocine était-il dans un tel état d’agitation, et fallait-il en venir à le tuer pour le calmer ? Quand est-ce qu’un gendarme a le droit de sortir l’arme de son étui ? A-t-il le droit de tuer ? Sa collègue gendarme n’a pas maîtrisé la situation dès le départ. Pourquoi ? Pourquoi n’ont-ils pas fait appel à des renforts à ce moment-là ? Avec tout ce modernisme et toute la nouvelle technologie d’aujourd’hui c’est incroyable !
Ils l’ont matraqué alors qu’il était encore et toujours menotté, ça n’a pas suffi ?
Au final Hocine est mort en se vidant de son sang au bord de l’A35. Il méritait tout de suite des gestes de premiers secours, non ? Pourquoi ne lui a-t-on pas enlevé les menottes alors qu’il était mort ? Pourquoi la famille est-elle prévenue après que les journalistes aient diffusé l’information ? Le parcours pour enterrer Hocine dans les meilleures conditions a été celui du combattant. Tout ceci est inhumain.
Le procureur au moment des faits a requis la mise en examen du gendarme pour coups volontaires ayant entraîné la mort mais au final, le juge d’instruction en a décidé autrement pour lui. Il a été placé en statut de témoin assisté donc considéré comme étant en état de « légitime défense ».
Ces deux gendarmes continuent leurs vies à ce jour, en attendant le procès.
Au Molodoï, la prise de parole de la maman de Hocine est poignante. Elle parle de sa chaire, de son sang. Elle parle avec une profonde tristesse mais aussi une détermination pour que justice soit faite. Elle précise qu’elle est une femme de sourire comme l’était Hocine. On a arraché la vie à son fils. Le gendarme volontaire devrait être en prison. Elle veut savoir et connaître la vérité, elle mène son combat avec chaque jour cette peine car elle ne verra plus jamais son fils.
Mogniss ABDALLAH apporte l’histoire à ce débat, des noms, des dates, des lieux de tous ceux et toutes celles dont la vie s’est arrêté tragiquement, mais aussi des luttes qui ont étés menées avec les familles des victimes et des militant.e.s. On découvre cette liste au mur avec toutes ces personnes tuées par les forces de l’ordre ou pour motif clairement raciste. L’histoire des luttes contre la hagra policière nous renforce et nous donne des informations utiles pour aujourd’hui s’organiser au mieux.

La discussion amène plusieurs questions portant sur les choix d’avocats, de se porter parti-civil ou non. Va-t-on mettre en place un comité, avec si possible l’appui d’ami-e-s, de militant.e.s et de personnalités issues de différent milieux, notamment pour le suivi judiciaire et médiatique. Une reconstitution a été effectuée le 02 juin 2015. Que fait-on en attendant la suite judiciaire ?
Pour l’heure, des contacts ont étés pris, des liens se sont créés pour mener cette lutte juridique et politique tout en prenant en compte que la mort de Hocine s’inscrit dans un climat de banalisation de crimes des forces de l’ordre, comme l’attestent les différents événements qui ont eu lieu les dernières semaines à Tourcoing ou dans d’autres pays. À l’heure actuelle, d’autres familles de victimes des violences policières mènent le combat, certaines depuis plusieurs années déjà, même après que les dossiers soient bouclés. Nous souhaitons les soutenir et partager ces luttes pour obtenir la vérité et la justice pour Hocine, et pour tous et toutes les autres. Pour nous il est nécessaire de rester solidaire, et nous continuons de recueillir auprès de celles et ceux qui l’ont connu, des témoignages écrits ou audiovisuels en hommage à Hocine Bouras pour mettre en valeur sa mémoire. Dans cette perspective, toute production artistique – visuelle, musicale, etc.- est bienvenue.

Cette journée a renforcé notre détermination, en nous permettant de prendre publiquement la parole et de rencontrer des collectifs et des personnes touché.e.s par cette histoire. Nous ne voulons pas laisser les crimes sécuritaires impunis à cause de notre silence.
Merci pour cette journée de partages, courage, force et de détermination pour mener un combat sans sortir les armes. Prochainement, nous organisons un rassemblement le 30 août 2015 à Colmar, pour rendre hommage à Hocine Bouras, tué il y aura 1 ans déjà.

Nous ne dissocions pas les victimes des violences policières de celles des crimes fascistes, ni des réprimés de luttes sociales. Carlo Giuliani, Lamine Dieng, Zyed et Bouna, Clément Méric, Rémi Fraisse, Kayla Moore, c’est la même police et les mêmes fascistes qui tuent aux ordres de la même classe dominante.

Le régime capitaliste est celui de la constante guerre des riches contre les pauvres, nous en connaissons les conséquences : traques, rafles, enfermement, meurtres, agressions, harcèlements, contrôles abusifs, expulsions, rétentions, comparutions, etc. Face à leur monde, seules la lutte et l’organisation paient.

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Le 30 août 2015 aura lieu à Colmar une Marche en hommage à Hocine Bouras, tué il y a un an par la police.

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Le 05 septembre 2015 aura lieu une manifestation antifasciste à Marseille contre les lois racistes et sécuritaires

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Le 25 octobre 2015, un an après la mort de Rémi, un appel du Finistère à bloquer l’usine Nobel Sécurité de Pont de Buis, qui fabrique les grenades et les balles de LBD de la police. Ces armes tuent et mutilent non seulement en France, mais sont aussi exportées dans le monde entier, contre les camarades Turcs, Tunisiens, Grecs …

Le 31 octobre 2015 aura lieu à Saint-Denis une grande Marche de la Dignité en hommage à Zyed et Bouna, tués il y a dix ans par la police.

D’autres événements sont à venir.

Hier, aujourd’hui, demain : ne rien lâcher
Pas de justice, pas de paix

Que la peur change de camp

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